vendredi 26 août 2011

Rationalité, religion et athéisme

traduit de l'anglais
texte original http://www.abc.net.au/unleashed/42672.html

Russell Blackford (un philosophe et universitaire australien athée) affirme que les croyances religieuses, dans la mesure où elles cherchent à influer sur la sphère politique, doivent être sujets à une vérification rationnelle.

Pour ceux d’entre nous éduqués sur la base que tout enseignement doit être sujet à une vérification rationnelle, ceci ne s’avère pas être une thèse novatrice. Néanmoins, il s’agit d’un argument formulé de plus en plus souvent par les avocats d’un ‘nouvel’ athéisme.

Lorsqu’on examine de plus près cet argument, il se trouve, en fait, que derrière cette avancement innocent de la rationalité il se trouve plusieurs guet-apens intellectuels qui trahissent un tel point de vue.

Toute prétentions de vérité, qu’elles soient religieuses ou autres, doivent être sujet à une vérification rationnel; la rationalité par son véritable sens et non par un sens réduit qui arrange les cercles athées.

Par exemple, Le Atheist Foundation of Australia (Fondation Athée d’Australie) a définit l’athéisme comme étant “la reconnaissance du fait qu’il n’existe pas d’évidence scientifique crédible ou fiable basées sur des faits pour l’existence d’un Dieu, de plusieurs dieux ou du surnaturel.”



Cette définition crée un amalgame, intentionnel ou ignorante, entre une évidence rationnelle et une évidence scientifique, sous-entendant que le premier se limite seulement au second. En réalité, l’évidence scientifique (empirique) est un type d’évidence rationnel, mais pas le seul. D’autres genres d’évidence rationnelle incluent la logique, les récits et l’analyse conceptuelle.

Les syllogismes logiques basés sur des prémisses solides et une structure valide sont entièrement rationnels. La proposition que tous les hommes sont mortels associée avec l’observation que Tom est un homme établit de manière rationnelle et nécessaire que Tom est mortel.

Le fait que de nombreux individus sans lien entre eux informent Dick qu’ils ont été au Canada et que c’est un lieu merveilleux prouve rationnellement pour lui (qui n’a jamais perçu de ses propres sens l’existence du Canada) que ce pays bel et bien existe.

Notre acceptation du concept que les êtres humains sont des produits d’une mère et d’un père, nous permet d’établir, sur la base d’une analyse de ce concept et de son extension rationnelle, que Harry a un arrière arrière grand-père.

Aucune de ces conclusions sont scientifiques car elles ne découlent pas de l’utilisation de la méthode scientifique[1]; néanmoins elles demeurent toutes rationnelles.

Alors, pourquoi les athées persistent-ils à vouloir des évidences scientifiques pour les thèses théistes. Il semble que le bénéfice d’un argument spécieux est attrayant. Les théistes, dans leur ensemble, admettent sans difficulté que la science ne peut pas prouver l’existence de Dieu non parce que cela demande une foi aveugle (à moins que vous soyez un adhérent du fidéisme, qui est une position intenable de notre vue) mais plutôt en raison des limites de la méthode scientifique.

En ce qui concerne les évidences rationnelles en faveur de l’existence de Dieu, ceci ont été fournies, débattues, peaufinées et présentées depuis des siècles. Des arguments basés sur la logique et l’analyse conceptuel remontent jusqu’à Aristote et Platon, en passant par les théologiens scolastiques musulmans tels que Al-Ghazali et Al-Razi et jusqu’aux penseurs chrétiens occidentaux de l’Europe médiévale tels que Thomas D’Aquin et Bonaventure ainsi que les penseurs des Lumières comme Leibniz et Clarke.

Par exemple, l’argument cosmologique du Kalam, la preuve la plus forte de notre vue, fut développé par des savants musulmans dès le 11ème siècle.

Cet argument est profond et néanmoins simple: le monde matériel que nous percevons autour de nous comporte des phénomènes temporels qui dépendent pour leurs existence sur d’autre phénomènes temporels, qui à leurs tours dépendent pour leurs existences sur d’autres phénomènes temporels et ainsi de suite. Mais une telle série ne peut continuer à l’infini car si ce fut le cas aucun phénomène ne satisferait sa dépendance et aucune chose n’existerait dans ce monde. Le fait que des choses existent implique nécessairement des séries finies et, en conséquence, l’existence d’un être qui détermina l’existence de ces séries ainsi que des attributs ou propriétés spécifiques qui les définissent.

Par extension rationnel, cet être se doit d’être éternel et sans commencement, sinon il est temporel et donc constituerait une partie de ces séries. Il doit également disposer de volonté car une cause intemporelle qui produit un effet temporel nécessite une volonté autonome.

Donc à travers l’utilisation unique de la raison (sans aucune référence aux textes, à une foi aveugle ou à des suppositions), nous pouvons déduire l’existence d’un être éternel, nécessaire et transcendant qui possède les attributs de savoir et de puissance; un être plus communément connu sous le nom de ‘Dieu’ en langue française.

Il existe bien sûr divers objections aux arguments comme celui-ci. Les personnes intéressés peuvent parcourir la centaine de pages du livre ‘Blackwell Companion to Natural Theology’[2] publié récemment et qui est consacré à la présentation d’une variation simplifiée de l’argument cosmologique kalam avec toutes ses objections, réponses et arguments contraires.

Le but de cet article n’est pas d’évaluer ces thèses mais seulement de démontrer que des arguments rationnels pour l’existence de Dieu existent, ont existé depuis très longtemps et sont le sujet de sérieux débats et discussions entre savants.

Le problème avec la démarche athée est qu’elle refuse de reconnaître l’existence de ces arguments rationnels. Lorsqu’ils sont présentés, le simple fait de soulever des objections ou des doutes sont assumés être suffisants pour renier tout l’argument.

Cette quête obstinée de la certitude dans les preuves adverses, quelque chose qui est dit provenir des prouesses de la science, a un goût d’ironie, en fait un très grand goût. Peut-être ne sont-ils pas au courant que l’essence de la science repose sur l’utilisation du raisonnement inductif et s’appuie généralement sur la probabilité et la confiance afin de justifier ses conclusions?

Des considérations épistémologiques plus profondes tels que les divers solidités des différents types de preuves, le raisonnement déductif vs inductif, la structure, les sources et les limites des différents types de connaissance sont incontestablement absents dans les vulgarisations athées du débat ‘la science vs la religion’. Une vulgarisation digne d’un manga pour enfants et non destinée à un débat public, sérieux et sincère.

Le résultat, de tout manière, est une posture qui est toute sauf rationnelle. Cette agitation militante athée, poussée par Dawkins, Hitchens, Harris et Dennett (surtout dans les pays anglo-saxons), continue à caractériser son opposition théiste comme étant des crétins irrationnelles qui favorisent la superstition et les légendes sur la raison et la science.

Pire encore, la démarche athée faillit à appliquer la vérification rationnelle qu’ils revendiquent sur leurs propres thèses.

Même en tant que proposition contredisant, l’athéisme formule de nombreuses affirmations, implicites si pas explicites, qui se doivent d’être prouvées.

Est-ce que l’univers est éternel? Est-ce qu’une régression infinie de causes temporelles (c’est à dire une cause créée par une autre cause elle-même crée par une troisième cause, ainsi de suite jusqu’à infini) véritablement existe?

Et si l’univers n’est pas éternel et eut un début, ceci sous-entendrait que quelque chose fut crée à partir de rien. Est-ce que quelque chose peut être crée à partir de rien? Une proposition absurde, non ?

Et si ce fut le cas simplement que la science n’a pas, jusqu’à présent, réussi à fournir des réponses aux questions essentielles sur l’origine de l’univers, alors ,une explication raisonnable n’est-elle pas meilleure qu’aucune explication? Et les explications scientifiques, ont-elles été jamais certaines?

De plus, la négation de Dieu laissent les athées avec peu de choix excepté soutenir l’humanisme laïque qui conduit à plus d’affirmations qui se doivent d’être prouvées.

Pourquoi l’église doit-elle être séparée de l’état? Pourquoi la religion doit être sujet à un traitement spécifique d’exclusion de ce qui a le droit de déterminer les affaires publiques? La religion est après tout un point de vue parmi tant d’autres.

La réalité c’est que la laïcité est pris pour argent comptant comme étant la meilleure solution alors qu’elle est en faite complètement irrationnelle. La laïcité est le fruit d’une solution de compromis à un problème spécifique à un contexte géographique et historique: l’Europe d’avant le siècle des Lumières. On voulut arrêter l’oppression de plusieurs siècles de l’Eglise en proposant la séparation entre la religion et l’état. Mais ceci constitue l’erreur classique de vouloir sauter d’un cas spécifique à une conclusion universelle.

Un cas analogue serait d’argumenter que parce que les musulmans ont commis les attentats du 11 septembre donc tous les musulmans sont des terroristes.

Dépourvus d’arguments rationnels en faveur de la laïcité (les solutions de compromis ne sont jamais rigoureusement rationnelles), ses défenseurs ont recours à une vision romantisée de la laïcité comme étant un système neutre qui permet une société pluraliste où tous le monde a le droit de suivre et pratiquer ses propres croyances. Pourtant la laïcité est fondée sur un point de vue spécifique et n’est pas plus neutre que n’importe quelle autre idéologie. Elle n’autorise pas les morceaux des autres points de vue qui sont en contradiction avec elle, tout comme ce serait la cas avec ces autres points de vue.

Nous avons aussi affaire à des affirmation telles que l’acceptation de la raison humaine comme base de la moralité. Mais comment l’esprit humain est-il capable de déterminer le bien et le mal? Cela conduirait sûrement à une moralité subjective? Comment est-ce qu’une moralité objective, et par conséquence l’obligation morale, établie? Quelle est la base ontologique de la moralité (ontologique: relatif à l’être ou l’existence en général)?

Ceci sont juste quelques unes des questions essentielles auxquelles l’athéisme et ses idéologies variantes doivent apporter et démontrer des réponses définitives. Une simple critique de vues contradictoires, aussi agressive qu’elle peut être, ne masquera jamais les trous dans son raisonnement ou ne constituera jamais une substitution à une preuve rigoureuse.

Peut-être lorsque les athées commenceront à appliquer la vérification rationnelle à leurs propres croyances, qu’ils réaliseront que ce ‘nouvelle athéisme’ n’est rien de plus qu’un nouveau produit de pensées modernes et post-modernes, et une manifestation de tous leurs erreurs y compris de leur tralala.

De toute manière, notre réponse à cet appel de contrôle rationnel des croyances religieuses est très simplement: “Allez-y!”

Uthman Badar
Uthman Badar est le représentant média de Hizb ut-Tahrir Australie

[1] La méthode scientifique est la méthode par laquelle la recherche dans toutes les sciences naturelles (physique, chimie, biologie, ..) procède, c’est à dire 1) on formule une hypothèse, 2) on crée une expérience pour tester cette hypothèse, 3) on effectue l’expérience et on prend note des données, et finalement 4) on analyse les données et on décide si cette hypothèse est justifiée ou invalide.

[2] http://eu.wiley.com/WileyCDA/WileyTitle/productCd-1405176571.html

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